Joseph BUVAT est né le 26 mai 1878 à l'auberge du bourg de MONÉTAY SUR ALLIER, fils de Claude BUVAT, tonnelier et de Gilberte BERTHON; les parents étaient aubergistes comme l'indique l'enseigne encore visible sur le bâtiment, au cœur du bourg.
Claude BUVAT, né le 7 juin 1846 à LOUCHY-MONTFAND, fils de André BUVAT, décédé en 1896 et de Marie FERRIÈRE (ou FERRIAIRE, selon les actes !), décédée en 1893, était vigneron à Montigny au moment de la naissance de Joseph.
Il est décédé le 9 février 1927 au lieu-dit "Les Cours" à MONÉTAY SUR ALLIER, son épouse Gilberte BERTHON est également décédée au même lieu le 11 mars 1932.
Joseph BUVAT a fait son apprentissage de tonnelier auprès de son père, Claude.
Le Service Militaire et la guerre 1914
Matricule 2344 au Bureau de Recrutement de MONTLUÇON, Joseph a effectué son service militaire au 109ème Régiment d'Infanterie à MONTLUÇON du 16 novembre 1899 au 20 septembre 1902.
Il a terminé Caporal.
Rappelé à l'activité et arrivé au corps le 7 août 1914, il sera affecté dans divers régiments d'infanterie.
Le 6 février 1915 à VINGRÉ (AISNES), il est blessé au tympan droit suite aux éclats d'une bombe, qui lui entraînera une surdité à vie. Il fera plusieurs séjours dans les hôpitaux militaires et sera classé en "Service Auxiliaire".
Il sera démobilisé le 30 janvier 1919 avec pension et poursuivra son métier de tonnelier à MONÉTAY.
Jean-Marie, le frère de Joseph
Joseph avait un frère, Jean-Marie Joseph BUVAT, né le 18 mars 1896 à MONÉTAY, exerçant également le métier de tonnelier.
Appelé au 30ème Régiment d'Infanterie, il a été tué à l'ennemi le 12 mai 1916 au Ravin de la Dame à DOUAMONT (MEUSE).
Son corps n'ayant jamais été retrouvé et identifié, seule reste l'inscription : " En souvenir de … " sur le tombeau familial de MONÉTAY.
Claude, le père de Joseph
Claude BUVAT était membre du "Conseil de fabrique" de l'église, et, à ce titre, il exerçait les fonctions de garde-suisse.
Son rôle consistait au bon ordre des cérémonies avec sa canne à pommeau.
Il frappait le sol, un coup debout, deux coups assis, trois coups à genoux.
Au moment de l'élévation, il croisait les armes devant le chœur… et défilait devant tous les cortèges, processions, obsèques…
Les "Conseils de fabrique" ont été supprimés lors de la Loi de séparation de l'État et des Églises en 1905, mais ce service existe toujours en Alsace-Lorraine.
Claude BUVAT a exercé la fonction de "Suisse" jusqu'à la mort de son fils Jean-Marie.
Sa canne, sa hallebarde, son bicorne et son large baudrier brodé étaient entreposés dans la sacristie sud avec tout le matériel nécessaire au culte : dais, lanternes et sacoche du viatique pour l'extrême-onction des morts, catafalque, tout a disparu !
Joseph BUVAT a suppléé à son père pendant quelques années, en 1912 et 1913, dans la fonction de garde-suisse.
La Maison du Tonnelier
En 1893, Claude BUVAT hérite de ses parents, André BUVAT et Catherine FERRIÈRE, de la petite maison des Cours (correspondant à l'actuel N°6 Cour du Tonnelier), acquise par ses parents en 1875 auprès de M. et Mme AUCLAIR.
Ils la reconstruiront en 1895, en élargissant le chemin pour permettre un accès à la grange et s'y logeront à partir de 1896 en quittant l'auberge du bourg qu'ils tenaient et avait été repris plus tard par un sabotier.
(Sources : Mémoires d'une grand-mère de 89 ans – Mathilde BUVAT- BERTHON – 1974)

La maison BUVAT
Le 22 mars 1899, Claude BUVAT, père de Joseph BUVAT acquiert la partie restante de la maison (correspondant à l'actuel N°4 Cour du Tonnelier) auprès de Gilbert CHAPIER fils et Marie ANGOT.
A l'arrière se trouve la grange servant à entreposer le bois de merrain et de cuvage.

Le puits et l'atelier
Derrière la grange est installé l'atelier tonnellerie où ont travaillé les différentes générations BUVAT.
L'atelier n'était pas modernisé; le travail était manuel, les douelles et les fonds étaient préparés à l'intérieur et l'assemblage des fûts et la chauffe se faisaient sur la rue près du puits.

Joseph en 1948
Après le phylloxéra qui a détruit l'ancien vignoble entre 1880 et 1900, un nouvel élan s'est produit dans la population.
Les jeunes ont appris le greffage de la vigne sur des greffons stériles à la maladie et venant en particulier des ÉTATS-UNIS, sous contrôle des Contributions Indirectes.
Les cépages ont été sélectionnés et améliorés.
Une grande partie de la commune s'est convertie d'un nouveau vignoble.
On évoque quelques 800 hectares sur la commune.
Le commerce du vin était florissant et même les ouvriers ou commis avaient leur parcelle de vigne pour leur usage personnel.
La tonnellerie fonctionnait à plein pour fournir les nombreux viticulteurs.
Joseph et sa famille
Le 12 juin 1906, à BUXIÈRES-LES-MINES, Joseph BUVAT épouse Mathilde BERTHON, née en 1885, fille de Jean BERTHON ( 1858-1945) et de Marie BUTRU (1865-1945) .
Un fils né de cette union, Armand Jean-Marie BUVAT, le 16 mai 1909 à BUXIÈRES-LES-MINES.
Armand, qui s'exerçait à la profession de tonnelier avec son père décède le 20 mars 1928.
Le malheur s'abat sur la famille, anéantie !
Pour se remettre de leur chagrin, en 1932, ils accueillent une petite Pupille de l'Assistance Publique, Jeannine COATRIEUX, âgée de deux ans, qu'ils élèveront comme leur propre fille et l'adopteront.
Elle deviendra Jeannine BUVAT.
Joseph BUVAT avait passé le permis de conduire en 1937, ce qui était rare pour l'époque.
Mais Joseph était en avance sur son temps.
Dès 1904, il avait acheté un vélo (le 2ème de la commune, le premier ayant été acquis par Monsieur PARINOT, tailleur et mari de l'institutrice de MONÉTAY.
(Sources : Mémoires d'une grand-mère de 89 ans – Mathilde BUVAT- BERTHON – 1974).
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Par la suite il a acheté une automobile, une RENAULT 6CV type NN bâchée, qu'il a gardé quelques années puis l'a vendu à Claude GUIOT, des Moreaux. |
Joseph, le vigneron
En 1939, Joseph BUVAT achète le vignoble et le champ de Marguerite GUIOT-THUIZAT et ses proches aux Plantets.
Cet achat lui permettra d'avoir un petit vignoble avec les Belins (derrière Les Graves) et l'Étang Bazin.
Il était secondé par son épouse, Mathilde, personne infatigable, qui, en dehors de son métier de couturière, travaillait dans les champs et au jardin de la rue de L'Orgeasson.
Elle regagnait ses lieux de travail à grande vitesse sur sa bicyclette avec ses outils en travers sur le guidon.
Elle cueillait également les fruits jusqu'à la pointe des arbres, montée sur une échelle.
Rien ne l'arrêtait !
Avec le remembrement, l'arrachage des vignes basses rangs serrés et la disparition des vieux vignerons et l'ouverture d'une cave coopérative à SAINT-POURÇAIN, les petits tonneliers ont disparu.
Joseph, qui était âgé a pu profiter de sa retraite.
Avant les vendanges, il allait chez ses clients et amis et ainsi pouvait vérifier l'état de la futaille et effectuer les réparations nécessaires.
Les vieux diraient "relier les tonneaux".
À cette époque plusieurs tonneliers artisanaux étaient installés sur la commune, Louis BESSON et Gilbert DORIAT à Montigny, Gustave BURLAUD aux Maisons Neuves et Ernest MALLOT, rue des Vendanges.
Ce dernier, au retour de Prisonnier de Guerre, avait monté une tonnellerie mécanisée mais a fait faillite.
Joseph est décédé le 14 septembre 1960 aux Cours.
Joseph et sa desceandance
Jeannine BUVAT, la fille de Joseph, a épousé en 1952 le gendarme Marcel AUROY, avec laquelle il a eu une nombreuse descendance. Marcel AUROY a transformé et modernisé la maison des Cours avec réfection des toitures, installation des sanitaires et constructions de deux garages. Il viendra s'y installer en 1982 pour la retraite pour préparer la construction d'une grande maison moderne aux Plantets dont ils aménageront gracieusement les alentours. Mathilde BUVAT-BERTHON, y décèdera à l'âge de 100 ans, le 29 novembre 1985.

Plaque Cour du Tonnelier
En souvenir de la famille BUVAT, lors de la dénomination des rues, la Commune de MONÉTAY avait appelé la petite place des Cours : "Cour du Tonnelier".
Marcel est décédé le 22 mars 2020, à l'âge de 93 ans.
Il a contribué, avec Janine, à préserver ce patrimoine familial et affectif depuis cette rencontre à MONÉTAY aux vendanges de 1951 chez la famille DARMANGEAT, il y a 69 ans ! Forts et fiers de cet héritage affectif, les enfants et petits-enfants de Marcel et Jeannine resteront toujours attachés à MONÉTAY, leur berceau !
Paul BURLAUD avec le concours de la famille AUROY.